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Marine Charbonnier, Global Programmes and Captives Regional Director pour l’Europe, et Julien Guénot, Regional Manager pour l’Europe du Sud

Le secteur européen de l’ « assurance captive » ouvre un nouveau chapitre passionnant. La hausse récente de son activité devrait se poursuivre, les entreprises devant s’adapter à l’évolution de leurs risques et certains pays cherchant à créer des régimes spécifiques et favorables aux captives de réassurance. À l’aube de cette nouvelle phase dans le secteur des captives en Europe, Global Captive Podcast (GCP) a demandé à Marine Charbonnier et Julien Guénot d’É«¶à¶àÊÓÆµd’où provient ce si vif intérêt pour les captives et comment les assureurs soutiennent ce secteur en pleine croissance. Voici les temps forts de ce .

Quelles sont les raisons de l’essor de l’activité des captives en Europe ?

D’après Marine Charbonnier et Julien Guénot, plusieurs facteurs expliquent la forte croissance des créations et de l’activité des captives. Tout d’abord, la dynamique du marché de l’assurance traditionnelle a donné lieu à des ajustements significatifs en termes de tarification, de rétention, de capacité et de couverture dans un certain nombre de branches de l’assurance dommages et de spécialités. L’intérêt croissant pour les captives est également dû aux difficultés persistantes liées aux risques émergents et en développement, ainsi qu’aux mesures d’envergure prises par les entreprises en vue d’accroître leur résilience et de centraliser la gestion des risques, ce qui va de pair avec la mise en place d’une captive. 

« Dans le monde très incertain et volatil d’aujourd’hui, il est plus essentiel que jamais d’adopter une gestion et un financement agile des risques, et les captives se sont révélées être un véhicule à la fois flexible et relativement économe en capital tout à fait adapté à la gestion et à l’atténuation de risques complexes et importants », a déclaré Julien Guénot.

Une nouvelle ère pour les captives européennes 

D’après Marine Charbonnier, cet intérêt pour les captives domiciliées en Europe est également motivé par le souhait de certaines entreprises de localiser les opérations de leur captive plus près de leur siège social.

L’évolution de la législation en France au début de 2023 a renforcé l’attractivité du pays auprès des entreprises françaises envisageant une création voire une redomiciliation de captive.

Marine Charbonnier nous a confié qu’É«¶à¶àÊÓÆµa accompagné de nombreuses créations de captives établies en France depuis lors, et même en amont des changements apportés à la législation sur les captives, et échange actuellement avec d’autres organisations intéressées par cette démarche. L’initiative visant à relancer les captives en France devrait élargir le périmètre des entreprises éligibles et rendre les captives en France plus accessibles aux entreprises de taille moyenne, a-t-elle précisé. 

« Cette initiative a été accueillie avec grand succès et marque une étape importante pour les captives en France. Il s’agit là, selon nous, d’une fantastique réussite et d’une avancée remarquable qui pourrait maintenant voir tout un écosystème se développer autour des activités de captives en France », a commenté Marine Charbonnier.

L’Italie et l’Espagne prennent part au débat sur les captives

L’intérêt des risk managers européens pour les solutions de captives locales s’est accru ces 12 derniers mois, et des discussions sont en cours entre différentes parties prenantes en Italie et en Espagne, ont expliqué Marine Charbonnier et Julien Guénot. Après le succès des changements apportés à la législation sur les captives en France, ils échangent activement avec des risk managers et des courtiers d’autres pays qui sont intéressés par des solutions de captives en Europe.

« Les domiciliations historiques des captives en Europe, telles que le Luxembourg, l’Irlande et la Suisse, demeurent populaires, mais l’environnement français des captives inspire d’autres pays en termes de réglementation relative aux domiciliations onshore, en complément d’autres opportunités de domiciliation. C’est le cas de l’Espagne et de l’Italie. L’AMRAE a fait un excellent travail en France, et nous constatons que l’ANRA et l’AGERS font actuellement pression en vue d’obtenir des régimes de captives plus appropriés en e Italie et en Espagne », a souligné Julien Guénot.

Selon Marine Charbonnier, une captive et un environnement réglementaire du même pays que la société mère présentent plusieurs avantages, tel que le fait de lier explicitement la gouvernance de la captive à la gestion des risques du Groupe. « À l’aube de cette nouvelle phase pour le secteur des captives et des assurances, nous nous tenons prêts à travailler avec nos clients et à les accompagner dans leurs changements de stratégie en matière de captive, notamment dans leurs stratégies de souscription, leur changement de domiciliation, leur gouvernance et la gestion de leurs risques dans un environnement réglementaire exigeant », a-t-elle déclaré. 

Un important vivier de créations

D’après Marine Charbonnier et Julien Guénot, la croissance du marché des captives devrait se poursuivre en Europe. Les défis actuels auxquels est confronté le marché de la (ré)assurance, notamment la fréquence accrue des catastrophes naturelles, les attaques par rançongiciels et l’inflation sociale, ne disparaîtront pas de sitôt. Dans le même temps, l’évolution des risques et la pertinence croissante des risques émergents et en développement pour les clients contribueront également à renforcer le rôle des captives à long terme. 

« Je pense que les captives continueront de susciter un vif intérêt et que de nouvelles seront créées, les sociétés continueront à ajouter de nouvelles lignes et à financer des rétentions potentiellement plus élevées », a déclaré Julien Guénot. 

« Ces derniers temps, la gestion des risques est devenue une priorité pour les entreprises, sous l’effet de facteurs internes et externes en constante évolution. Elles sont en quête d’une plus grande résilience et de capacités supplémentaires, notamment dans le cadre des catastrophes naturelles et d’autres domaines où la capacité d’assurance peut être limitée », a-t-il ajouté.

Des solutions pour des branches variées 

Face à une maturité de la gestion des risques en hausse, de nombreuses entreprises explorent de nouvelles façons de transférer et de gérer l’exposition aux risques émergents et en développement via leurs captives. Les captives sont également de plus en plus sollicitées dans des domaines plus complexes de transfert de risques, comme des programmes internationaux sophistiqués structurés sur mesure, a noté Marine Charbonnier. 

« Les clients avaient généralement recours aux captives pour la souscription de risques à haute fréquence et à faible gravité, mais plus récemment, beaucoup les ont utilisées dans le cadre de lignes de couverture moins traditionnelles, notamment les risques de cybersécurité », a-t-elle expliqué. É«¶à¶àÊÓÆµa travaillé avec bon nombre de ses clients à l’intégration de risques nouveaux et émergents dans leurs captives, notamment la responsabilité civile pour atteinte à l’environnement, les employee benefits, ainsi que des risques plus spécifiques, tels que la construction et le rappel de produits. 

« L’avantage pour les clients d’auto-assurer une partie de leurs risques dans une captive est que cela démontre au marché de l’assurance que les intérêts des deux parties sont alignés. Le client montre ainsi qu’il s'engage à gérer le risque et à réduire son exposition. Il devient donc beaucoup plus attrayant pour le marché de l’assurance, ce qui peut lui permettre de bénéficier de conditions et de tarifs plus avantageux », a déclaré Julien Guénot. 

D’après lui, bien que ce ne soit pas nouveau, des captives plus sophistiquées ont montré un regain d’intérêt pour des solutions d’assurance non traditionnelles, comme les solutions paramétriques et les risques non transférables sur les marchés traditionnels.

« L’assurance traditionnelle reste un atout essentiel pour une stratégie de gestion des risques efficace et durable au sein des entreprises de toutes tailles. Néanmoins, il ne fait aucun doute que les captives et les solutions alternatives de transfert des risques constituent des alternatives flexibles et efficaces, susceptibles de devenir de plus en plus pertinentes pour bon nombre de nos clients. Je suis convaincu depuis longtemps que ces solutions sont complémentaires », a-t-il confié.

Transparence et dialogue

« La tendance à la rétention accrue des risques et leurs évolutions sont venues modifier les échanges entre assureurs, courtiers et captives », a déclaré Marine Charbonnier. « La progression des captives, ainsi que certains défis comme la politique ESG et les impacts du changement climatique, nécessitent des partenariats à long terme et stimuleront la demande de conseils et de services plus sophistiqués en gestion des risques », a-t-elle précisé. 

« La gestion du fronting des programmes internationaux et l’accompagnement des captives est au cœur de notre stratégie, permettant à nos clients de contrôler une gestion globale des risques et des coûts d’assurance de manière centralisée. À chaque phase du marché, le recours aux captives a augmenté, s’étendant à de nouvelles branches jusqu’au secteur des moyennes entreprises, ce qui concorde parfaitement avec notre stratégie de développement », a déclaré Marine Charbonnier.

Pour les captives nouvelles et existantes, la transparence et la communication sont la clé, d’après Marine Charbonnier. « Elles sont essentielles à la réussite globale. Notre objectif est de nous assurer que les captives aient accès aux bons interlocuteurs pour répondre à leurs questions, et aux informations et données dont elles ont besoin, quand elles en ont besoin… L’ « assurance captive » est une activité complexe et exigeante mais, en travaillant ensemble, il est possible de surmonter les difficultés et d’amener la captive à réaliser ses ambitions et celle de son groupe», a-t-elle affirmé.


 

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