
Let’s Talk : AXA Climate
March 08, 2019
Ecrit par Karina Whalley
Responsable Marketing & Dëveloppement, AXA Climate
L’assurance paramétrique est de plus en plus plébiscitée par les entreprises, les gouvernements et les partenariats publics-privés en raison de sa simplicité. Basée sur un paramètre ou un ensemble de paramètres corrélés aux risques d’un client, elle diffère de l’assurance traditionnelle en ce que l’indemnisation des sinistres est déclenchée automatiquement une fois un certain seuil, préalablement déterminé, est atteint.
Où ont été développées les premières solutions paramétriques ?
Les solutions paramétriques sont relativement nouvelles. Les premiers produits paramétriques ou indiciels ont été développés par des entreprises du secteur de l’énergie et des traders de commodités à la fin des années 1990. La création de ces solutions a été facilitée par la quantité et la qualité croissante des données liées au climat, et par le développement de techniques de modélisation sophistiquées. Grâce à ces outils, les entreprises dont la profitabilité est influencée par le climat peuvent désormais mieux comprendre et modéliser la relation entre leur chiffre d’affaires et une moyenne quotidienne, mensuelle ou bien saisonnière de la température.
Ces premiers efforts de modélisation ont permis de démontrer que le climat –sous certaines conditions– pouvait être quantifié et indexé ; et, en se reposant sur ces indices, qu’il pouvait être « packagé » comme une commodité.
La première opération de ce type fut réalisée en 1997 et, en 1999, le Chicago Mercantile Exchange introduisit la commercialisation de contrats à terme et d’options liés au climat. Les entreprises de nombreux secteurs disposèrent alors désormais d’instruments financiers permettant de réduire la volatilité de leurs revenus/coûts liée aux conditions climatiques.
Ce principe a ensuite été utilisé pour concevoir des solutions basées sur un indice permettant de minimiser les risques liés aux catastrophes naturelles. En 2006, AXA a émis sa première police d’assurance paramétrique, qui visait à aider le Programme Alimentaire Mondial à couvrir les conséquences financières de la sécheresse en Éthiopie. Une équipe parametrics fut enfin créée au sein d’AXA Corporate Solutions en 2014. Et en 2017, AXA a décidé d’en faire une entité à part entière, AXA Climate, dédiée à la conception et la tarification de ce type de solutions.
Quelles sont les différentes composantes de l’assurance paramétrique ?
Je dis souvent, tout d’abord, que l’assurance paramétrique est élégante de par sa simplicité. Ces solutions sont en effet basées sur trois éléments :
- L’indice : une ou plusieurs variables liées au chiffre d’affaires du client.
- Le seuil : le niveau qui –une fois atteint– déclenche la couverture. Ce seuil peut être établi de différentes manières. Dans une structure purement binaire, le client est indemnisé à hauteur de l’intégralité de la limite lorsque le seuil est atteint. Alternativement, l’indemnisation peut être indexée à la sévérité d’un événement climatique ; il peut être décidé, par exemple, qu’un cyclone de catégorie 4 engendre un paiement d’XX% de la limite, alors qu’un cyclone de catégorie 5 engendre un paiement d’YY%. Dans le cadre d’une telle structure –linéaire–, l’indemnisation augmente de manière incrémentale au fur et à mesure que la valeur de l’indice évolue.
- La limite : l’indemnisation maximale dans le cadre du programme. Et pour que ce mécanisme soit considéré comme de l’assurance, la limite doit être moindre ou égale aux pertes réelles du client.
AXA a émis sa première police d'assurance paramétrique en 2006. Elle visait à aider le Programme Alimentaire Mondial à couvrir les conséquences financières de la sècheresse en Ethiopie.
Quels types d’organisations utilisent des solutions paramétriques, et comment ?
Les solutions paramétriques sont principalement –mais pas exclusivement– utilisées pour minimiser les risques liés au climat. Elles sont donc pertinentes pour de nombreuses organisations des secteurs publics et privés. Certains des premiers programmes paramétriques ont été développés par des gouvernements. La Chine et l’Inde, en particulier, ont été des pionniers de l’utilisation de l’assurance paramétrique pour protéger leurs agriculteurs des aléas climatiques.
Dans ces pays, un programme type couvre l’ensemble des agriculteurs d’un groupe de villages ou de régions où le climat et les cultures agricoles sont similaires. L’indice dérive de facteurs locaux impactant les récoltes, comme la pluviométrie, la température, le vent et l’ensoleillement ; il peut également être basé sur une variable unique ou une combinaison de variables. En Inde, par exemple, il existe un programme qui couvre 35 cultures dans 17 états. Il repose sur une combinaison de paramètres liés au climat et à des indices de rendement des cultures de la région.
Lorsque le seuil est atteint, les agriculteurs sont directement compensés, de manière individuelle, selon des conditions prédéfinies. Celles-ci peuvent inclure la puissance d’un événement, la taille des installations agricoles et la valeur des cultures. Dans certains cas, l’indemnisation est versée directement aux banques auprès desquelles les agriculteurs ont souscrit des prêts. Quelles que soient les modalités du programme, l’indemnisation permet aux agriculteurs d’avoir les moyens de replanter leurs exploitations suite à un sinistre.
De nombreuses organisations internationales, comme les Nations Unies et la Banque Mondiale, ou bien des organisations non-gouvernementales et des assureurs –comme AXA XL– travaillent de concours pour concevoir des solutions pragmatiques et accessibles permettant d’améliorer la résilience de certains pays. Ces solutions peuvent inclure différents éléments mais l’assurance paramétrique joue souvent un rôle essentiel dans ces programmes. La Banque Mondiale a par exemple mis en place des obligations paramétriques d’une valeur d’1,6 milliards de dollars US permettant de couvrir les membres de l’Alliance du Pacifique –le Chili, la Colombie, le Mexique et le Pérou– en cas de tremblement de terre.
Il y a également un intérêt grandissant pour le paramétrique, dans certaines régions du monde, en vue d’aider à diminuer le protection gap –la différence entre les pertes couvertes et la somme totale des pertes. L’équipe Marchés émergents d’É«¶à¶àÊÓÆµ en collaboration avec AXA Climate, s’intéresse à des solutions visant à protéger les économies locales et régionales face aux catastrophes naturelles et à promouvoir la sécurité alimentaire.
Dans le secteur privé, l’assurance paramétrique permet aux entreprises de minimiser l’impact d’anomalies climatiques telles qu’une chaleur extrême, de sévères précipitations, des périodes de froid ou de sécheresse, qui peuvent impacter leurs revenus. Et, de manière évidente, l’intérêt pour le paramétrique vient principalement des secteurs les plus exposés au risque climatique :
L’agriculture : En plus des programmes publics conçus pour protéger les petits agriculteurs, les grandes entreprises agroalimentaires utilisent des couvertures paramétriques pour réduire l’impact du climat sur leurs activités.
En Afrique, certaines entreprises de production de coton se dotent par exemple de solutions paramétriques liées à la sécheresse. En France, certains exploitants viticoles et producteurs de fruits protègent leurs revenus avec des couvertures indexées sur le gel.
Les énergies renouvelables : L’applicabilité de l’assurance paramétrique dans ce secteur n’est pas surprenante puisque le climat constitue sa matière première.
Pour ces énergéticiens, la production d’énergie solaire est modélisée grâce à des données satellitaires liées à la radiation solaire, mais l’indice peut également incorporer des éléments comme la température, lorsque celle-ci a une influence ; c’est le cas notamment pour certaines installations d’énergie solaire au Moyen Orient et en Afrique du nord. Pour les parcs éoliens, l’indice dérive de données satellitaires liées au vent ; et pour les centrales hydroélectriques, de données concernant le niveau de précipitations et/ou le courant.
La construction : Dans certains pays du Moyen Orient, toute opération de construction doit cesser dès que la température atteint un certain niveau. De la même manière, des températures trop froides ralentissent le développement de la résistance du béton. Dans les deux cas, des indices basés sur la température peuvent être utilisés pour aider les entreprises à absorber les coûts découlant de délais causés par la météo.
D’autres secteurs sont également exposés aux anomalies climatiques :
- Le tourisme et les loisirs : Canicule et froid extrême peuvent dissuader d’éventuels visiteurs de parcs d’attraction, d’événements culturels/sportifs ou d’attractions touristiques.
- Le transport : En cas froid ou de neige prolongés, les compagnies aériennes sont confrontées à une augmentation des coûts de dégivrage. Les entreprises de transport, quant à elles, doivent faire face à des dépenses supplémentaires lorsque le niveau de certains fleuves augmente ou baisse.
- La mode : Les ventes de collections saisonnières –comme les manteaux d’hiver ou les maillots de bain– peuvent être affectées par des températures élevées, ou l’inverse.
Quels sont les avantages et les inconvénients de ces solutions ?
Cinq grandes caractéristiques sous-tendent notre activité.
Il s’agit d’un concept objectif. Toute solution paramétrique inclut un indice et des valeurs correspondant à des données provenant de sources indépendantes ; les paiements sont donc générés automatiquement lorsqu’un seuil préétabli est atteint. La police n’est pas soumise à interprétation ni à des conditions particulières, et le client sait en amont quelle sera son indemnisation pour chaque valeur de l’indice.
Le second principe est la rapidité de ce type de solution. Une fois le seuil atteint, les sinistres peuvent être réglés sous quelques jours ou, au pire des cas, quelques semaines. Ces deux attributs, objectivité et rapidité, sont particulièrement important pour les gouvernements qui souhaitent se protéger contre les catastrophes naturelles. Il a en effet été démontré que l’impact d’une catastrophe naturelle –à la fois sur le plan humain et économique– est réduit lorsque gouvernements et investisseurs privés savent qu’ils seront rapidement indemnisés.
Les solutions paramétriques sont des solutions « sur-mesure ». Chaque police couvre des localités/installations définies par le client, et la structure du programme –valeurs de l’indice, formule d’indemnisation et limites– est développée pour correspondre aux objectifs stratégiques du client, à son appétence au risque et à son budget.
L’assurance paramétrique est disponible à travers le monde. Il peut être compliqué, dans certains cas, de couvrir un risque en raison de sa localisation ou bien parce que le marché de l’assurance, là où il se trouve, n’est pas assez développé. Grâce aux satellites, nous disposons de données climatiques concernant l’ensemble de la planète et sommes en mesure de développer des couvertures où qu’elles soient requises.
Enfin, les solutions paramétriques sont efficientes en termes de ressources. Elles nécessitent des professionnels disposant de compétences toutes particulières pour développer les polices mais, une fois celles-ci mises en place, nous n’avons besoin ni de juristes, ni d'experts ou de spécialistes techniques pour la gestion des sinistres.
En quoi consiste la mise en place d’une solution paramétrique ?
Le produit fini est assez simple mais la création d’un indice et la mise en place de la structure assurantielle est un procédé complexe qui nécessite des compétences et un savoir-faire spécifiques.
La première tâche consiste à créer un indice de valeur corrélé à un résultat en particulier.
Pour un parc photovoltaïque, par exemple, nous pouvons créer un indice modélisé de production d’énergie qui reflète la quantité de radiation solaire que le parc reçoit chaque jour. Cet indice est ensuite corrélé au niveau de production d’énergie historique ou projeté qui sont, par la suite, eux-mêmes corrélés aux revenus de l’entreprise. L’indemnisation permet ainsi de combler le manque à gagner auquel le client peut s’attendre en cas de faible radiation solaire.
Déterminer ces indices corrélés nécessite des capacités analytiques poussées et des données précises et détaillées. Nous disposons de données satellitaires remontant aux années 1980 aussi, dans la plupart des cas, nous pouvons construire un solide historique de données. Nous utilisons également des données provenant de stations météorologiques de partenaires externes. Et la quantité et la qualité des données ne cessent de s’améliorer. Un facteur important de l’intérêt croissant pour les solutions paramétriques, en particulier dans certains marchés émergents, est d’ailleurs le réseau croissant de satellites sophistiqués capturant des données de plus en plus granulaires.
Nous disposons d’une équipe expérimentée, ce qui est essentiel au vu des défis techniques associés à la création d’un indice et la diversité des risques que nous assurons. Tous les membres de l’équipe ont des doctorats en statistiques, en mathématiques appliquées, en climatologie ou en météorologie, en ingénierie ou en finance ; certains ont également une expérience importante dans les secteurs pour lesquels nous développons des solutions.
Une fois le risque modélisé et les indices identifiés, l’étape suivante consiste à concevoir la structure du programme. Et comme chaque solution est conçue pour correspondre aux besoins et aux circonstances du client, il s’agit d’un procédé interactif au cours duquel nous passons en revue différents niveaux de déclenchement et des options de limites avec le client et son courtier.
La difficulté à ce stade est de décider du ou des seuil(s). Des niveaux plus faibles permettront de couvrir des événements fréquents mais seront plus coûteux. Et vice-versa. La décision finale, bien entendu, dépend des objectifs du client, de son appétence au risque et de son budget.
Karina Whalley est en charge du marketing et du développement chez AXA Climate et est responsable du portefeuille de la division dédiée au secteur public. Elle travaillait auparavant pour l’African Risk Capacity, un pool de risque fournissant des solutions d’assurance paramétriques aux gouvernements africains. Elle est basée à Paris et peut être contactée à karina.whalley@axa.com.
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