
Venezuela : Terre de risques et d’opportunités
March 29, 2019
Ecrit par $name
On pourrait facilement penser, au vu du chaos économique et politique dans lequel le pays est plongé, que les investisseurs n’ont rien à faire au Venezuela. Bien qu’il s’agisse sans aucun doute d’un marché à risque, le changement est proche et des opportunités se dessinent clairement à l’horizon. Autrement dit, la situation du pays ne peut que s’améliorer…
Le pays a récemment connu un black-out national et plusieurs épisodes de violence –derniers événements d’une longue litanie de problèmes, sous l’égide du président Nicolas Maduro :
- L’hyperinflation. En 2018, le taux d’inflation du Venezuela a atteint les 80 000 % – le plus important au monde. Et la situation s’est depuis empirée. A titre d’exemple, . Au début de l’année, ce même café atteignait les 2 800 bolivars.
- La faim. Le pays fait face à une pénurie de nourriture, d’eau et de médicaments, si bien que les vénézuéliens sont confrontés à une véritable crise humanitaire.
- L’exode. Suite à la détérioration des conditions de vie des vénézuéliens, , soit 10% de la population, ont fui le pays.
- Les expropriations. Depuis 1998, le Venezuela a saisi les biens de milliers d’entreprises. Entre 2002 et 2015, le gouvernement a mené au moins 1 322 expropriations ou nationalisations, selon la Confédération Vénézuélienne de l’Industrie ().
L’une des raisons principales de cette situation est la corruption rampante qui touche la bureaucratie du pays. Le prédécesseur de Maduro, le socialiste Hugo Chavez élu en 1998, avait promis de réduire la pauvreté et de mettre fin à la corruption. Cela ne s’est malheureusement pas produit, alors que les revenus de l’état liés au pétrole ont explosé et que Chavez a lancé une politique de nationalisation agressive à l’égard des entreprises. Maduro, que Chavez avait désigné comme successeur, a pris le pouvoir en 2013 et a maintenu le status quo – ce jusqu’à la chute du prix du pétrole. Il a alors consolidé son pouvoir, comme un dictateur, et initié en 2018 une dévaluation de sa monnaie, qui s’est avérée désastreuse et n’a fait qu’empirer la situation.
Avec le bon environnement politique en place et les protections nécessaires aux investisseurs, le Venezuela récompensera les preneurs de risques.
Un espoir de changement
Des signes de changement commencent cependant à émerger. En janvier, les électeurs se sont exprimés en faveur de Juan Guaido, le président de l’Assemblée Nationale, contrôlée par l’opposition. Une coalition internationale, qui inclut les États-Unis, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne et l’Espagne, a reconnu Guaido comme président intérimaire et appelé à la démission de Maduro. Plus important encore, les pays limitrophes au Venezuela et ses partenaires commerciaux dans la région souhaitent que le pays retrouve sa stabilité.
Le redressement de la situation nécessitera un virage dramatique de l’autocratie vers un environnement propice au développement du commerce et de l’investissement. Les entreprises et les investisseurs exigeront alors un certain nombre de protections avant de s’engager. L’assurance du risque politique et du risque de crédit sont, par exemple, des formes importantes de protection dans ce type de scénario.
Plusieurs facteurs laissent à penser que le Venezuela offrira des opportunités dans les six à 18 mois à venir. Parmi celles-ci :
- Les ressources naturelles. Le Venezuela demeure riche en ressources, avec notamment les réserves de pétrole les plus importantes au monde. Le pays est également abondant en gaz naturels, en métaux et en minéraux. L’énergie et l’industrie minière pourraient redevenir des sources de croissance.
- Les infrastructures. Le Venezuela a de nombreux besoins en infrastructure, à la fois en termes de maintenance et de nouveaux projets. Des routes aux réseaux de télécommunications, le potentiel de croissance est considérable.
- Le BTP. 88% de la population est concentré dans des zones urbaines, et le pays compte cinq villes de plus d’un million d’habitants. Des projets de construction résidentiels et commerciaux sont en permanence requis.
Les entreprises et les investisseurs vont devoir prendre conscience de ces opportunités et se préparer pour les changements à venir. Avec le bon environnement politique en place et les protections nécessaires aux investisseurs, le « nouveau » Venezuela récompensera les preneurs de risques.
Les success stories de la région devraient par ailleurs encourager ceux qui s’intéressent au Venezuela. Le Brésil et l’Argentine étaient encore il y a peu en difficulté. Ils ont cependant œuvré à résoudre leurs problèmes et à de nouveau attirer des investissements étrangers. Au Venezuela, le rétablissement de l’économie ne se fera certes pas en un jour, mais pour la première fois depuis très longtemps, il semble possible.
Daniel Riordan dirige l’équipe Risque politique & Risque de crédit d’AXA XL. Avant de rejoindre É«¶à¶àÊÓÆµ il a occupé plusieurs postes de direction dans le domaine du risque politique, de l’assurance de spécialités et de l’IARD chez un assureur international. Il est un partenaire de longue date de l’, qu’il a présidé de 2013 à 2015.
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