
Dis maman, c’est quoi un volant ?
February 22, 2017
Ecrit par Jason Harris
Directeur général, Responsabilité civile – Monde, AXA XL
Pour beaucoup, voir ou utiliser un véhicule autonome constituera une première rencontre, dans la vie de tous les jours, avec une machine complexe utilisant l’intelligence artificielle (IA). Certains immortaliseront cette expérience mémorable avec un selfie.
Une révolution silencieuse
L’industrie automobile et le monde de la technologie ont fortement investi dans l’autonomie mobile. Les technologies qui la rendent possible – cartes 3D détaillées, capteurs, accéléromètres, etc. – sont de moins en moins chères et de plus en plus sophistiquées.
Par ailleurs, d’énormes progrès ont été faits récemment dans le domaine de l’IA. Les développeurs de véhicules autonomes ont fortement contribué à ces avancées –et en ont également largement profité. Ils sont désormais capables de concevoir de puissants algorithmes qui, combinés au cloud, permettent au véhicule d’apprendre de ses expériences et de s’adapter à des conditions changeantes.
Comme l’explique le professeur Paul Newman, cofondateur d’, une entreprise spécialisée dans la robotique : « Lorsqu’un véhicule autonome roule pour la première fois sur une route enneigée, son logiciel d’autonomie apprend à opérer dans cet environnement, et il s’en souviendra la prochaine fois qu’il y sera confronté ».
Avec l’évolution de ces technologies, le marché des véhicules autonomes devrait se développer rapidement. estime qu'il y aura 10 millions de voitures autonomes sur les routes d'ici à 2020.
De plus en plus de personnes seront, dans les années à venir, amenées à interagir avec des voitures, bus et camions autonomes, et apprendront à faire confiance à ces machines intelligentes. En attendant, les applications de l’IA, issues pour la plupart du secteur automobile, continueront à se développer en suivant des schémas d'apprentissage humains.
On peut donc penser que nous serons de plus en plus enclins à accepter, progressivement, que des machines compétentes fassent partie de notre quotidien. Le nombre croissant de véhicules autonomes sur nos routes va certainement marquer le début de ce que nombre d’observateurs appellent la « révolution robotique ».
Les robots remplaceront-ils l’humain ?
Il y a déjà de nombreuses années que les robots ont remplacé les humains dans certains environnements dangereux ou pour des postes routiniers, comme les lignes d'assemblage ou la préparation de commandes dans des entrepôts. Et tout porte à croire que cette tendance va aller en s’intensifiant. Foxconn, un fournisseur d'Apple et de Samsung a par exemple l'intention de remplacer un tiers de ses effectifs par des robots d'ici à 2020.
Il est également probable que l'IA joue un rôle de plus en plus important dans les domaines cognitifs routiniers comme la comptabilité, la gestion d’inventaires et le service à la clientèle. Comme ces tâches nécessitent une capacité à apprendre, raisonner et agir, les entreprises se baseront très certainement sur les progrès des développeurs de voitures autonomes. De la même manière que les véhicules d'Oxbotica peuvent comprendre le concept de neige, les avancées en matière d’IA, notamment sur le plan de la reconnaissance vocale et du traitement du langage, permettront aux robots chargés du service après-vente de se rappeler et de proposer les meilleures solutions à différents problèmes.
Une tendance similaire est attendue pour les tâches manuelles non routinières, comme la prestation de soins à domicile ou la maintenance d’équipements industriels. Dans ces domaines, le développement de l’Internet des Objets sera un moteur essentiel. Un robot infirmier pourra par exemple être programmé pour administrer une injection sur la base de données transmises par des capteurs portés par le patient, voire même directement implantés dans son corps.
Les opinions quant aux implications sociales de la révolution robotique sont nombreuses. D’aucuns pensent qu’elle nous réserve un avenir sombre, où la majorité des employés seront en situation précaire. D’autres estiment que notre économie est le résultat de plusieurs vagues d’innovations disruptives et que les emplois qui disparaitront au profit de la robotique seront remplacés par de nouvelles opportunités et de nouvelles fonctions dans des secteurs qui n’existent pas encore.
Un casse-tête pour les assureurs
Aujourd’hui, l’assurance auto représente 42 % des primes du marché, au niveau mondial –mais plus de 90 % des accidents sont causés par une erreur humaine. Si l’on retire le volant aux humains, le nombre d’accidents devrait naturellement chuter. Aussi, certains experts prédisent que le marché de l’assurance auto, tel qu’on le connait aujourd’hui, pourrait devenir obsolète.
Dans sa forme actuelle, peut-être. Mais les voitures autonomes –bien qu’elles permettent d’empêcher un grand nombre d’accidents, ne sont pas nécessairement sans risque. Puisqu’elles partagent les mêmes logiciels, systèmes de contrôle et réseaux de données, un bug, un défaut, voire un piratage, pourrait entraîner un dysfonctionnement général de ces véhicules. Un hacker pourrait également provoquer un accident impliquant des dizaines, voire des centaines, de véhicules.
On peut imaginer des scenarii similaires dans d’autres domaines. La robotique et l’autonomie mobile permettra de minimiser de nombreux risques opérationnels, tout en en créant de nouveaux. Et la nature systémique de certains de ces risques va être un véritable casse-tête pour les assureurs.
Le secteur de l’assurance doit s’intéresser à ces questions épineuses, sans pour autant mettre un frein à l’innovation technologique. C’est l’une des raisons pour laquelle XL Catlin a mis en place un partenariat avec Oxbotica. L’idée est de soutenir l’adoption de l’autonomie mobile et d’examiner l’impact de cette technologie sur la gestion des risques et l’assurance.
Ce travail implique l’utilisation de données créées par les véhicules lors d’essais réels, afin de modéliser ces risques et de comprendre comment ces machines apprennent. Pour plus de détails sur le travail d’Oxbotica et le partenariat avec XL Catlin, .
En 1958, Chrysler lançait un « dispositif exceptionnel ayant pour but d’aider à maintenir une vitesse constante et de prévenir le conducteur lorsqu’il dépasse une vitesse autorisée ». Cet outil, baptisé Auto Pilot, est le premier exemple de système de contrôle automatisé, dans une voiture. Lors du lancement de l’outil, un journaliste avait commenté : « Que vous le vouliez ou non, les robots commencent à remplacer les conducteurs ». Soixante ans plus tard, nous y sommes presque.
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